“Plus tard il sera trop tard pour s’aimer. Notre vie c’est maintenant.”

C’était la phrase qu’il lui avait sorti ce jour-là, avec un air très sérieux, plein de fausse assurance et beaucoup d’espoir en arrière-fond. 

Dans sa tête incendiée, il avait conclu que l’amour quand même... ça faisait dire des drôles de trucs. 

Tout avait commencé trois mois plus tôt. 
C’est vrai qu’au travail, tous les deux rigolaient beaucoup. Un soir après le boulot, ils avaient bu des verres avec d’autres collègues. Ils s’étaient retrouvés seuls, à faire les piliers de bar, la cravate sur la tête, minuit passé, dans une rue pavée de Paris. 

De mémoire d’homme, il n'avait jamais autant souri. 

Et tandis que l’alcool montait et que la vie se couchait, il avait fini par l’observer avec un autre regard. Un truc du genre beau, si beau qu’il l’aurait bien embrassé sous la lune. 

Il avait mis ça sur le compte de l’alcool évidemment, elle pouvait facturer large.

Puis, cette pensée le lendemain, à la réunion d’équipe, en le regardant, lui et sa mine fatiguée, le brouillard dans l’œil et la moue amusée. Et cette fois, il n’y avait ni l’alcool, ni la lune, et il ne comprenait pas bien comment cette envie était restée. 

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